XIV

Les Chinois envahissent l’île des Wo avec des livres ; Confucius échoue sur la plage.

 

 

Les Wo reçurent la visite du secrétaire Lu muni d’un petit cadeau. Il leur présenta une boîte à documents peinte en jaune, la couleur de l’empereur.

— Oh ! Livre ! s’exclama M. Courge avec ravissement.

Pour les consoler des menus inconvénients qu’ils avaient eu à subir dans l’enclos des barbares, le ministère des Rites leur adressait un exemplaire de la Sélection de littérature raffinée de Wen Xuan, une anthologie de poésies compilée au début du siècle, rédigée en écriture simplifiée.

— Nous l’avons fait transcrire dans des caractères facilement lisibles par les enfants, les femmes et les imb… les personnes non admissibles aux concours mandarinaux.

Le présent fut accueilli dans un silence poli.

— C’est pour vous, insista Lu Wenfu en leur tendant à deux mains le précieux ouvrage.

Son Excellence Calebasse s’inclina, reçut le livre, s’inclina de nouveau et le passa à son spécialiste des belles lettres, dont le sourire crispé trahissait la déception.

Les Wo exprimèrent leur souhait d’acquérir quelques titres supplémentaires.

— Encore des livres ? s’étonna Lu Wenfu. Vous allez vous charger pour la route !

— Nous pas avoir argent pour acheter, expliqua M. Calebasse. Ici argent wo considéré monnaie pour les singes.

— Parce que c’est de la monnaie de singe, dit Lu Wenfu. De quoi s’agit-il donc ?

Le ministère avait mal estimé leur soif de connaissances. Ils remirent au secrétaire un rouleau de parchemin qui semblait devoir se dérouler à l’infini. Il y avait là, notamment, le Nei King, le « Livre de l’intérieur du corps ». Cet ouvrage très ancien répertoriait toutes les connaissances médicales sur l’anatomie, la physiologie, l’hygiène, les maladies, la diététique, ainsi que les méthodes thérapeutiques appropriées. Suivait le Ping kien chou, l’« Ouvrage du miroir clair comme de la glace », manuel de physiognomonie avancée.

— Je vous félicite de votre intérêt pour nos textes millénaires ! dit le secrétaire, convaincu que cette énumération dépassait le fonds disponible à la bibliothèque de la Chancellerie.

— Ce que je me demande, dit Ti, c’est comment ils ont eu vent de tout cela. Enfin ! Nous allons solliciter l’attribution d’un budget pour ces acquisitions.

Lu Wenfu tiqua.

— Le budget sera facile à obtenir. L’autorisation, je ne sais pas.

Les Wo se prosternèrent dans un bel ensemble, de manière à supplier les mandarins de bien vouloir plaider leur cause. Ti et Lu se rendirent donc au palais pour transmettre la requête.

Une fois qu’ils eurent fait passer la liste au ministre des Rites, on les fit patienter une bonne heure, après quoi on les introduisit dans une pièce où étaient réunis plusieurs dignitaires.

Un tel intérêt pour le savoir ne pouvait être négligé ni traité à la légère. Ti comprit qu’ils étaient conviés à une conférence au sommet. Il y avait là une bonne partie des taifu, les plus hauts dirigeants des organes gouvernementaux : le ministre des Rites, le chancelier, le grand secrétaire et le censeur, plus un mandarin de rang moins élevé dont Ti ignorait la fonction. On prenait l’affaire avec autant de sérieux qu’un plan d’invasion des régions océanes. Les deux hommes se prosternèrent. On leur permit d’assister, debout, à l’entretien, afin d’informer les taifu s’il en était besoin.

Pour certains d’entre eux, permettre l’accès des visiteurs à la culture chinoise servirait à leur édification. Siniser le pays des Wo ferait de lui un voisin à qui l’on peut parler : un interlocuteur civilisé ne saurait être un ennemi. C’était la conquête du monde sauvage par le savoir, l’élargissement des frontières par la propagation des bons usages.

Le censeur objecta qu’il n’y avait rien de plus important qu’un livre. Avec ces écrits, les Wo touchaient au cœur palpitant de la Chine. S’il n’avait tenu qu’à lui, la Cour se serait contentée de leur confier les Contes de la princesse Palourde, afin de préserver les secrets nationaux.

D’autres pensaient que ces barbares ne sauraient rien tirer de ces ouvrages, de toute manière. Un moyen terme consistait à leur délivrer une copie des meilleures dissertations confucéennes présentées à l’examen mandarinal.

Le grand secrétaire biffa tout de suite les Six stratagèmes du grand-duc, les Trois plans du duc de Pierre Jaune, et tous les livres traitant du calendrier, du Soleil, de la Lune et des « cinq étoiles ». Pour la sûreté de l’État, le code des Tang interdisait aux étrangers la possession ou l’étude des cartes du ciel comme des manuels décrivant les moyens de prédire l’avenir.

Le chancelier rappela que la Cour avait déjà repoussé la demande de l’ambassadeur de Silla, l’un des trois royaumes coréens, qui voulait emporter un exemplaire du Livre des rites. On avait commandé à son intention un abrégé contenant les seuls rituels funéraires, quelques édits impériaux et des poèmes sur la morale.

— Voilà donc un problème de réglé ! conclut le grand secrétaire. Vous en ferez faire une copie pour ces Wo.

Le censeur désapprouvait de manière générale l’apprentissage de la lecture par les étrangers. Qui sait s’ils n’allaient pas retourner ces traités contre le peuple génial qui les avait écrits ?

Ti eut un soupir de soulagement. Enfin quelqu’un entrevoyait le problème. Il lui était cependant impossible d’émettre une opinion tant qu’on ne l’avait pas interrogé.

— Voyons, qu’avons-nous là… ? dit le chancelier. Le Classique de la poésie, le Mémorial des rites, le Chunqiu commenté par Zuo… Je ne vois rien ici de bien méchant.

Ces textes répandaient les valeurs de la loyauté, de la foi et de la droiture ; peut-être feraient-ils de ces barbares des interlocuteurs valables.

Le censeur était dubitatif. Pour lui, ces classiques étaient encore d’une actualité trop brûlante pour être placés dans n’importe quelles mains. Après tout, ils n’avaient que mille ans d’âge. Il s’agissait des préceptes fondateurs de l’esprit chinois. Leur divulgation était un sujet délicat. C’était un peu comme confier sa grand-mère toute nue à une bande de brutes.

— Ne pourrait-on se contenter de les inviter à un petit séminaire sur le code d’éthique de Confucius au Guozi Jian, l’université d’État ? suggéra le ministre des Rites.

La suite de la liste était plus déconcertante. Comme s’ils avaient prévu qu’on leur refuserait l’entrée dans la culture chinoise par la grande porte, les Wo tentaient d’y accéder par la fenêtre. Leur deuxième choix contournait les monuments littéraires pour s’arrêter sur des textes moins connus.

Avec les ouvrages postérieurs composés sous les dynasties Han à Sui, on abordait des régions aventureuses. Il y avait le livre de Tao Yuanming, qui chantait les bienfaits de l’ivresse et prônait l’utilisation d’un luth sans cordes afin d’émettre la « musique sans son » chère aux taoïstes.

— Celui-là me paraît faire preuve d’une imagination débridée qu’il serait périlleux de faire partager à nos chers hôtes, dit le grand secrétaire.

Il proposa de leur concéder Le Nouveau Miroir du monde compilé par Liu Yiqing, un recueil de textes brefs au genre mal défini. Sans doute pouvait-on leur livrer ce bric-à-brac de rébus abscons, puisqu’on n’était pas encore certain, deux siècles et demi après sa publication, qu’il y eût quelque chose à comprendre là-dedans.

— Justement ! répondit le censeur sur un ton mystérieux. Imaginez qu’ils y découvrent quelque chose…

Il était dangereux de leur remettre un savoir dont les Chinois eux-mêmes ignoraient les tenants et les aboutissants.

Quant aux traités d’histoire, il ne pouvait en être question, car « qui comprend le passé contrôle l’avenir ».

Une fois écarté tout ce qui prêtait à controverse, on en revenait aux Contes de la princesse Palourde. Il allait être difficile d’expliquer aux honorables visiteurs que la magnifique et opulente littérature chinoise se réduisait à un florilège de contes à la portée d’un gamin de douze ans.

— Bah ! Ce sont des barbares ! dit le ministre des Rites, qui ne jugeait de l’intelligence des gens que par leur connaissance des usages et conventions.

C’était l’occasion pour Ti d’apporter quelques nuances nées de son observation.

— À ce propos…

— Ah non ! fit le censeur.

Les Wo avaient glissé L’Art de la guerre de Sun Tzu entre deux livres de cuisine. Nul ne pouvait soutenir pareille requête.

— Pourquoi ne pas leur donner aussi les clés de la Cité interdite, avec le plan d’accès aux appartements impériaux ?

On se mit d’accord sur quelques titres, dont la bibliothèque du palais exécuterait des copies révisées.

Le mandarin inconnu qui s’était tu jusqu’alors prit la parole. C’était précisément le conservateur des archives impériales. Selon lui, tous ces ouvrages touchaient à la défense de l’empire du Milieu. Le Livre des documents historiques contenait l’art du combat à la chinoise. Le Classique de la poésie, ou Livre des odes, des descriptions versifiées d’une grande expédition contre les tribus du Sud. On y parlait de tactiques militaires, comme l’utilisation des chariots de combat ou la façon de faire manœuvrer les troupes. Le Mémorial des rites livrait des conseils pour aider l’empereur à mettre ses décisions militaires en harmonie avec la nature. Le Chunqiu commenté, aussi appelé Printemps et automnes, évoquait une période troublée, durant laquelle le roi légitime perdait le contrôle de son empire ; on y énonçait les pièges que se tendaient les seigneurs de la guerre résolus à prendre sa place.

— Vous imaginez quel désastre ce pourrait être pour notre beau pays si ce livre était lu par des gens mal intentionnés.

Non que ces Wo puissent jamais attaquer la Chine directement, l’idée avait de quoi faire sourire, mais ils pourraient susciter des désordres aux frontières, et même dominer de petits royaumes inféodés aux souverains Tang, ce qui serait déplaisant.

L’archiviste recommanda de leur refuser l’accès à tous les manuels de philosophie et d’histoire, car tous contenaient des dissertations sur des sujets sensibles.

— Leur donner accès à nos traités serait aussi suicidaire que d’envoyer nos soldats porter des munitions dans le camp adverse.

Le grand secrétaire était d’un avis plus nuancé :

— Ne dit-on pas : « Si tu crains ton ennemi, fais-en ton gendre » ?

— On dit aussi : « Si tu ramasses un jeune tigre, n’attends pas qu’il grandisse pour lui limer les griffes » ! rétorqua le censeur.

On s’accorda en tout cas pour leur refuser le Yijing, ou « Livre des mutations », excellent traité de divination : seuls les Chinois devaient être en mesure de lire l’avenir.

Le résumé des débats fut envoyé à l’empereur. Ti n’avait pas réussi à placer un mot. Lu Wenfu, mieux au fait des usages de la Cour, n’avait pas même essayé.

De retour chez lui, le juge vit que ses épouses avaient fait de louables efforts pour guider leurs hôtes dans les méandres de l’art de vivre à la chinoise. Les Wo étaient très intéressés par les arbres nains en pot.

— Cela s’appelle pen-saï, expliqua madame Troisième, qui s’occupait personnellement de brimer leurs branches et de mutiler leurs racines.

— Bonsaï, répéta M. Radis.

— Non : pen-saï. Vous n’y arriverez jamais si vous ne parvenez même pas à prononcer correctement !

M. Chou, personnage délicat et ambigu que madame Première surveillait d’un œil suspicieux, avait garni les vases de bouquets dépouillés. Les dames lui avaient montré comment elles s’y prenaient pour orner de fleurs l’autel des ancêtres. Visiteur numéro neuf s’obstinait à utiliser trois fois moins de végétaux qu’elles, pour un résultat étonnant. Il choisissait toujours les branches d’orchidées les plus tordues et les laissait pointer toutes seules au-dessus d’une ou deux feuilles ratatinées.

— Si vous voulez mon avis, les gens du Dongyang n’ont aucun goût, conclut madame Troisième.

Ils avaient réaménagé les appartements mis à leur disposition. Avec l’apparition des chaises, les Ti avaient dû faire fabriquer sur mesure le reste du mobilier, pour qu’il soit à la bonne hauteur. Les Wo, eux, tenaient à conserver l’ancien ameublement fait de tables basses et de nattes. Ils avaient visiblement l’intention de continuer à vivre au ras du sol.

Ils avaient installé au milieu de la pièce une statue de déité qui leur plaisait beaucoup.

— Nous aimer « Kanon », dit M. Grain-de-riz, l’apprenti bonze.

— Guanyin ! corrigea pour la centième fois madame Deuxième. Comment faites-vous pour les supporter ? glissa-t-elle au secrétaire Lu.

— C’est simple : je n’écoute pas ce qu’ils disent, répondit celui-ci avec lassitude.

Madame Première fit à son époux le résumé de leur journée.

— Votre M. Citrouille a eu la bonté de nous faire goûter une cuisine purement « wo ».

— Eh bien ?

— Je crois que vous êtes l’autorité compétente en matière d’empoisonnement.

Elles n’avaient constaté dans ces mets aucune recherche d’équilibre entre yin et yang. Tout était froid, cru, fade, ou au contraire trop pimenté. Madame Deuxième, la plus gastronome des trois, en avait encore le frisson :

— Il y avait là un pot rempli de vers de terre. Vivants ! Ils bougeaient !

— C’étaient des algues ! dit madame Troisième qui avait eu le courage d’y tremper ses baguettes.

— Que vous dites ! renchérit madame Deuxième, résolue à s’en tenir à ce qu’elle avait vu.

Ti et Lu remirent à ses destinataires, avec cérémonie, l’édit impérial dont ils étaient porteurs.

Le Fils du Ciel avait tranché en limitant son autorisation aux seuls classiques. Suivait la liste des quelques ouvrages que les Wo étaient autorisés à acquérir. On allouait à chaque visiteur un salaire de cinq rouleaux de soie pour leurs frais. Les Wo se tournèrent du côté du palais pour effectuer le ko-teou, front contre terre.

On leur offrait en prime un « roman historique », la Chronique du Fils du Ciel Mu, un texte très ancien qui narrait le voyage vers l’Ouest du roi Mu. C’était de la littérature d’imagination, par conséquent un loisir innocent et même un peu vulgaire.

La Cour ne voyait rien de suspect chez Confucius ni dans ses interprétations. On mettait à la disposition des Wo tout un tas de livres sur ce sujet. C’était hélas ce qui intéressait le moins ces ardents bibliophiles. Le confucianisme leur paraissait trop étranger à leur mentalité.

— Moi lu Confucius, moi rien compris, expliqua M. Courge. Pourtant, moi intelligent.

— Un petit problème de syntaxe, peut-être, supposa le juge Ti.

Il estima qu’ils traitaient avec légèreté ce fleuron de la pensée chinoise.

— Vous avez tort. Cela va vous manquer.

— Vous pas inquiéter, répondit M. Calebasse, nous revenir siècle prochain.

 

Diplomatie en Kimono
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